📖 Conseil lecture
Il y a quelques semaines, je vous avouai que j'ai vécu un épuisement professionnel. Rien que cette démarche relève de la guérison, car lever la honte et oser en parler n'est pas chose aisée.
Ceci dit, je n'ai pas utilisé le terme "burn out", pourquoi ? Parce que je ne me retrouvais pas vraiment dans les témoignages que je lisais de personnes ayant vécu un burn out.
Grâce à la journée de formation "comprendre le burn out, savoir repérer les signes, protéger et se protéger" d'Astrid Le Fur, à laquelle j'ai eu le plaisir de participer cette semaine à Angers, je peux l'affirmer : j'ai bien vécu un burn out.
Non, mon corps ne s'est pas écroulé un jour pas fait comme un autre, non je n'ai pas atteint ce point de non-retour où le corps dit stop. J'ai su m'arrêter avant. Avant la consumation totale de mon âme.
Et pourtant, mon vécu correspond exactement aux étapes qu'Astrid décrit dans son livre : "Du burn out au born out, les 7 étapes vers la renaissance"(Vuibert 2022).
En fait, il y a différents types de burn out, et mon petit mien à moi, c'est un brown out.
Le brown out, c'est la perte de sens au travail. Je sais que bons nombres de collègues exerçant dans le travail social l'ont vécu, ou vivent encore cette sensation de perte de sens face aux nombreuses injonctions à "faire pour faire", à "remplir des cases", à parler chiffres alors qu'on nous a appris à parler relation humaine... Mais pour en arriver à un burn out, c'est-à-dire atteindre sa santé mentale et physique au point de ne plus pouvoir travailler, il faut prendre en compte plusieurs facteurs.
Aujourd'hui j'ai compris que, certes, mon environnement de travail était toxique, mais mon profil, mon fonctionnement neuroatypique, mon éducation, mon caractère, bref ce que je suis a accentué le risque de faire un burn out.
Mon métier d'assistante sociale, c'est ma passion. Mes proches peuvent en témoigner, je peux en parler pendant des heures. En fait, il réunit tout ce que j'aime et sais faire : analyser le monde qui m'entoure, être à l'écoute des autres et agir en faveur d'une société en accord avec mes valeurs de justice, d'équité et de solidarité.
Le souci ? C'est que j'ai un seuil de tolérance à l'injustice très bas et une grande difficulté à me protéger face à des injonctions paradoxales, et des directives que j'estime en désaccord avec mes valeurs. Je ne sais pas comment l'expliquer autrement qu'ainsi : ça me touche, me fait mal, m'énerve, et me dégoûte au plus profond de moi. C'est dans mes tripes. C'est dans mon âme. Ainsi, lorsqu'un drame extérieur peine un peu les autres, moi, il me consume de l'intérieur, il accapare mon esprit et l'occupe jusqu'à ce que mon système l'ait digéré. Vous imaginez l'énergie que ça prend ?!
De plus, j'ai des idées qui fusent dans tous les sens, des besoins d'action, de liberté d'organisation et de prises d'initiatives qui sont essentiels à mon épanouissement professionnel. Si je me retrouve dans un cadre de travail où je ne peux m'exprimer et fonctionner telle que je suis, et où, de surcroit, je me sens en désaccord profond avec mes valeurs, alors je ne peux m'épanouir. Le crash est inévitable.
Grâce à la journée de formation et au livre d'Astrid, je peux vous écrire ce post sans crainte ni honte, mais au contraire avec fierté. Oui j'ai vécu un burn out, et oui j'en suis en partie responsable. Mais ça m'a permis de mieux me connaitre, et ça, ça n'a pas de prix.
Site internet d'Astrid Le Fur où vous pouvez commander son livre : https://www.astridlefur.com/
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