Mercredi dernier, j'ai eu le plaisir de participer à une soirée de réseautage avec des assistants de service social (et un intrus, mais on est tolérant !) à Pont L'abbé, dans notre si beau Finistère.
Cette soirée était organisée par Stéphanie Liatard et Joran Le Gall. Laissez-moi vous les présenter, afin de mieux vous expliquer en quoi ces deux rencontres furent inspirantes pour ma pratique professionnelle en libérale :
- Stéphanie est diplômée assistante de service social depuis 2012, et vit au Québec depuis plusieurs années. Stéphanie a une maitrise en Travail Social, et a mené une recherche sur "L'expérience des diplômées DEASS françaises exerçant dans le domaine du social à Montréal : processus migratoire, stratégies d'acculturation en emploi, et identité professionnelle" que vous pouvez consulter en ligne.
Après avoir exercé en tant que travailleuse sociale, elle est chargée d'affaires au service des admissions et du perfectionnement de l'Ordre des Travailleurs Sociaux et Thérapeutes Conjugaux et Familiaux du Québec (OTSTCFQ).
En parallèle, elle a une activité libérale "une assistante de service social à Montréal" qui offre un service de "soutien au parcours migratoire, insertion sociale et professionnelle au Québec dans le domaine de l'intervention sociale". Plus d'informations sur son site internet.
Stéphanie est venue accompagnée de son conjoint, qui a une maitrise en didactique de la langue française et enseigne actuellement le français au Québec. Une rencontre tout aussi enrichissante, même s'il n'est pas DEASS, on lui pardonne ! ;-)
- Joran est diplômé assistant de service social depuis 2014, et vit à Paris. Depuis plusieurs années, il exerce en service social hospitalier.
De 2017 à 2023 (soit deux mandats), il a assuré bénévolement la présidence de l'Association Nationale des Assistants Sociaux (ANAS).
Petite présentation rapide pour celleux qui ne connaissent pas l'ANAS. D'après son site internet, l'ANAS "a joué un rôle important dans la constitution d'une identité professionnelle, dans l'organisation et la demande d'une réglementation pour la profession d'assistant de service social. [...] L'objectif de l'ANAS est d'expliciter les valeurs qui sous-tendent l'intervention des assistants de service social. Au-delà de la bonne volonté ou des convictions personnelles de tous ceux qui « font du social », nous devons assurer à l'usager la garantie de valeurs communes à l'ensemble des professionnels du service social auxquels il s'adresse."
De plus, l'ANAS édite une revue trimestrielle : La Revue Française de Service Social, dont Joran est le directeur de la publication.
Si vous êtes diplômé.e DEASS, je vous conseille fortement d'adhérer à l'ANAS (pas comme moi qui suis mauvaise élève et ne vais le faire qu'en janvier 2024).
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Comme vous avez pu le lire dans l'article sur mon parcours professionnel, j'ai vécu un épuisement professionnel, suivi d'un temps de réflexion et d'introspection via un bilan de compétences, avant de décider de continuer à exercer le métier d'assistante de service social, mais en le faisant à ma façon, libérée et en libéral.
Bien que je sois sûre de mon choix, il m'est parfois difficile de l'assumer, car je sens les doutes des personnes qui m'entourent, professionnels du social ou non.
Bien que je sois sûre d'être en adéquation avec mes valeurs personnelles, et mon éthique professionnelle, il m'est parfois difficile de les revendiquer, car je me sens seule contre un système institutionnalisé, parfois injuste et violent.
Aussi, rencontrer Stéphanie, son conjoint, et Joran, les écouter parler de leur histoire, de leur parcours, de leurs expériences professionnelles, de leurs connaissances, de leur vision du Monde, et de leur vision du Social, a apaisé mes doutes et mon sentiment d'isolement.
Non je ne suis pas seule à vouloir exercer un service social désinstitutionnalisé, à l'écoute et respectueux de la personne dans son entièreté. Non je ne suis pas seule à vouloir exercer un service social qui ne se réduit pas à remplir des documents administratifs, à être Madame MDPH (coucou mes ex-employeurs du médico-social). Non je ne suis pas seule à vouloir exercer un service social qui se veut discipline experte en clinique sociale.
Qu'est-ce que la clinique sociale ?
"Au terme « clinique » , on associe souvent l’idée de lit et de soins apportés au malade. Pour autant, l’étymologie permet de comprendre que le clinicien n’est pas le médecin, il n’est pas celui qui apporte le remède. Klinô signifie, en effet, « pencher, incliner, mais aussi coucher, étendre, et encore faire plier, faire fléchir » [...] la posture clinique en travail social n’engage pas une démarche thérapeutique ou de traitement, comme on aurait pu le penser.
Ainsi, le clinicien est avant tout celui qui adopte une posture : il observe et prête attention à ce qui, en-deçà de toute douleur, voire de tout problème objectivable, est susceptible de prendre place au titre de sujet capable d’en parler et de se faire entendre. C’est en cela qu’il devient possible de dire que chaque sujet est unique, aucun vécu n’étant réductible à un autre. L’approche clinique repose donc sur une saisie singulière d’un individu par un autre individu, selon une relation asymétrique et engagée dans le temps. Le clinicien prend ainsi en compte l’histoire de l’autre en face de lui, sa personnalité, sa façon d’être et de parler dans sa singularité."
DELHAYE Pascaline, « La recherche clinique en travail social. Projet épistémologique et enjeux éthiques », Le Sociographe, 2014/5 (N° Hors-série 7), p. 35-50.
De plus, recevoir leurs encouragements pour la création de mon activité libérale, ainsi que leur intérêt pour mon travail et mon éthique, m'a aidé à continuer à y croire. A croire que le Service Social n'est pas mort.
Oui le service social en France souffre fortement d'un manque de reconnaissance (c'est un euphémisme), d'un manque de moyens humains et financiers, de la violence institutionnelle subie par les personnes accompagnées, de la violence institutionnelle subie par les personnes qui y travaillent. Mais Oui, le service social en France peut se réinventer, innover, voire peut-être juste être ce qu'il est censé être, en étant ce qu'il est transmis dans les centres de formation, les stages, entre pairs ?
Il est évident que seule chez moi, dans mon bureau derrière mon ordinateur, je ne vais pas révolutionner un système qui ne me fait plus sens. C'est pourquoi j'ai souhaité participer à cette soirée quand j'ai vu passer l'info sur la page d'Une assistante de service social à Montréal. Quelle belle idée ! C'est le début d'une belle aventure d'échanges et de construction de projets innovant... "Tout seul.e on va plus vite, ensemble on va plus loin !"
PS : Le mot de la fin s'adresse à Océane, une DEASS participante à cette soirée, mais surtout mon amie : merci pour ton soutien infaillible depuis qu'on se connait, merci pour la personne solaire, généreuse, drôle et attentionnée que tu es. Et merci pour tes gâteaux :-)
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Ci-dessous un petit souvenir de L'Île-Tudy
(ne pas se fier aux nuages, c'est un leurre pour éloigner les touristes)
Si vous le souhaitez, vous pouvez retrouver ce sujet développé en format audio sur le Podcast de GIOIA Conseil.
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